Dr Kiswendsida Noëlie KOURAOGO

Suplamar Santé Épisode 4

Dr Firmin AKOWANOU

Dans ce quatrième épisode, Suplamar Santé + donne la parole au Dr Firmin AKOWANOU, gynécologue-obstétricien passionné et engagé, pour parler d’un combat vital : la lutte contre le cancer du sein. Ensemble, nous faisons le point sur les réalités, les espoirs et les gestes qui sauvent.

Question 1

Avant de commencer, pourriez-vous vous présenter brièvement (nom, spécialité, structure d’exercice et éventuellement quelques mots sur votre parcours) afin que nos lecteurs puissent mieux vous connaître ?

Réponse

Je me nomme Docteur Firmin AKOWANOU Médecin Gynécologue Obstétricien, spécialiste des Urgences Humanitaires et en Santé de la Reproduction. En exercice à la clinique les Laudes et au Centre Médical Ahmadiyya.

Question 2

Si vous deviez décrire simplement le cancer du sein, comment le décririez-vous à vos patientes ?

Réponse

Le cancer du sein est une maladie qui se produit lorsque certaines cellules de votre sein se mettent à se multiplier de façon incontrôlée, exagérée ou anarchique. Autrement dit, cela résulte d’un dérèglement de certaines cellules qui se multiplient et forment le plus souvent une masse appelée tumeur. Il en existe différents types qui n’évoluent pas de la même manière. Certains sont « agressifs » et évoluent très rapidement, d’autres plus lentement. Les cellules cancéreuses peuvent rester dans le sein, mais elles peuvent aussi se propager dans d’autres organes, ce qui est une situation encore plus menaçante. On parle alors de métastases. Dans la majorité des cas, le développement d’un cancer du sein prend plusieurs mois, voire plusieurs années.
Le cancer du sein est ainsi le cancer le plus fréquent chez la femme. Il représente plus du tiers de l’ensemble des cas de cancer chez la femme. Il faut déjà savoir qu’avant de parler de cancer du sein, plusieurs étapes sont à franchir, en passant prioritairement par le dépistage qui reste et demeure « la base de la découverte », puis par le diagnostic, qui va se reposer sur de nombreux éléments cliniques et paracliniques, en gros des examens à faire. Cependant, lorsqu’une anomalie est découverte lors d’un examen de dépistage ou qu’une personne présente des symptômes, plusieurs examens doivent être réalisés. C’est l’examen anatomopathologique des tissus prélevés au niveau de l’anomalie qui établit le diagnostic de cancer du sein. À cet effet, différents types de traitements peuvent être utilisés pour traiter un cancer du sein : la chirurgie, la radiothérapie, l’hormonothérapie, la chimiothérapie et les thérapies ciblées.
Il arrive parfois qu’un seul type de traitement soit nécessaire. Dans d’autres cas, une association de traitements est utile pour mieux maîtriser la maladie. On peut ainsi, par exemple, réaliser une chirurgie et compléter ensuite le traitement uniquement par une chimiothérapie, ou uniquement par une radiothérapie. Le traitement est d’autant plus efficace quand le cancer est détecté tôt, d’où l’autopalpation des seins prend toute sa place et demeure l’élément primordial du dépistage du cancer du sein. De plus, pour les femmes d’un certain âge, une mammographie régulière reste de mise. Des changements dans le sein, comme une boule, une modification de la peau ou de la taille du sein, ou encore un écoulement, doivent inciter à consulter un professionnel de santé.

Question 3

Y a-t-il une phrase, un geste ou une rencontre avec une patiente qui vous a particulièrement marqué(e) dans votre parcours ?

Réponse

OUI
C’était en décembre 2023, il s’agissait d’une femme de 39 ans qui avait une boule dans le sein gauche et selon elle, cela évoluait depuis deux (02) ans sans une nette amélioration malgré les différentes méthodes traditionnelles que sa belle-mère lui procurait en lui disant que « ça va aller » et que de ne pas s’inquiéter. Cette dame ne mettra donc jamais les pieds à l’hôpital jusqu’à ce qu’un matin, lorsqu’elle voulu prendre sa douche, elle constata que l’aspect de son sein avait changé et devenait plus dur ainsi elle a pris contact avec l’une de ses connaissances qui était interne en médecine en ce moment et qui l’a dirigée vers moi pour une meilleure prise en charge. Apres sa consultation et quelques examens réalisés, il s’agissait malheureusement d’un cancer du sein bien entendu.
Apres le counseling sur le diagnostic et de comment va se dérouler la prochaine étape de sa prise en charge, je pouvais aisément lire sur son visage : une combinaison d’émotions complexes (peur, colère, anxiété, détresse) et de défis concrets a relevé. Après quelques minutes d’échange elle disait je cite : Docteur je vous fais confiance et suis prête a tout pour vaincre cette maladie peu importe la lourdeur du traitement et les effets secondaires physique et psychologique que vous venez de me décrire, je vais tenir bon. C’est en ce moment que sa force ma impacté marqué et c'est avec un cœur serré mais joyeux au vu son en engagement que je rétorqua : alors je serai là avec vous et pour vous madame OR du début jusqu’à la fin. Le chemin a été certes long et difficile mais nous avons gagné ce combat et cela fut une très belle expérience.

Question 4

Selon vous, qu’est-ce que les femmes au Burkina Faso ne savent pas encore (ou pas assez) sur le cancer du sein ?

Réponse

Au Burkina Faso, les femmes ne connaissent souvent pas assez l'importance du dépistage précoce notamment l’autopalpation qui reste la clé du dépistage et des facteurs de risque, ce qui contribue au diagnostic tardif de la maladie. Les campagnes d'information, comme celles menées pendant Octobre Rose, visent à sensibiliser à l'autopalpation et à proposer des examens gratuits pour améliorer la détection précoce et réduire la mortalité. Mais après octobre rose tout passe aux oubliettes on en parle plus assez pourtant ça devrait être une habitude de chaque fois sans vraiment atteindre Octobre Rose car c’est une maladie très dangereuse.

Question 5

Quelles croyances, attitudes ou silences vous semblent aujourd’hui les plus dangereux dans la lutte contre cette maladie ?

Réponse

Les croyances, attitudes et silences les plus dangereux dans la lutte contre le cancer incluent la désinformation et le rejet des traitements médicaux (par fatalisme, méfiance ou croyances populaires), l'idée fausse que le cancer est uniquement héréditaire, le silence sur les émotions ou la pression à la positivité qui pousse les malades à taire leur détresse, et la minimisation ou la stigmatisation de la maladie.

Question 6

Si vous aviez le pouvoir de changer une seule chose dans notre système de santé pour améliorer la prise en charge, quelle serait-elle ?

Réponse

Si j’ai le pouvoir de changer une seule chose ? Je dirai plutôt si j’ai le pouvoir de faire une doléance qui sera vraiment prise en compte se serait de demander la mise en place d’une gratuité COMPLETE du début jusqu’à la fin pour ceux ou celles atteints du cancer. En gros il serait idéal de mettre en place un système de gratuité visant a encadré la prise en charge du cancer du sein en passant du dépistage, du diagnostic (bilan gratuit) jusqu’à la prise en charge proprement dite et ce qui aura comme effet direct d’amener les patientes à se rendre dans les services de santé a moindre anomalie constatée ou faire des consultations de routine sans penser à l’aspect financier.

Question 7

Les hommes sont-ils aussi touchés par le cancer du sein ? Existe-t-il des statistiques à ce propos ?

Réponse

Oui, les hommes sont touchés par le cancer du sein, bien que ce soit rare (moins de 1% des cas). Des études sur le cancer du sein à Bobo-Dioulasso indiquent que des hommes sont affectés au Burkina Faso aussi, avec un diagnostic souvent tardif. Les facteurs de risque incluent des antécédents familiaux et une exposition aux hormones œstrogènes, notamment en cas de cirrhose.

Question 8

Comment percevez-vous l’impact de la position sociale et économique des femmes sur leur accès au dépistage et aux soins ?

Réponse

La position socio-économique des femmes affecte grandement leur accès au dépistage et aux soins du cancer du sein, car des revenus plus faibles engendrent des difficultés d'accès aux soins, une moindre capacité à prendre des journées de congé et une moins bonne compréhension des informations sanitaires. Ces obstacles peuvent mener à un diagnostic plus tardif et à des résultats de traitement moins bons, creusant ainsi les inégalités en matière de santé

Question 9

Qu’est-ce qui vous motive personnellement à parler de ce sujet aujourd’hui ?

Réponse

Parler du cancer du sein est crucial car c'est le cancer le plus fréquent chez la femme, touchant (1/8) une femme sur huit. Les motivations sont multiples : sensibiliser au dépistage précoce qui prend toute son importance dans l’autopalpation des seins qui augmente les chances de guérison, informer sur les facteurs de risque modifiables comme l'hygiène de vie, déstigmatiser la maladie, et soutenir les personnes atteintes et leur entourage.
Autrement, en parlant de la maladie, on peut améliorer le pronostic des patientes et réduire la mortalité, car un cancer du sein dépisté à un stade précoce a un taux de guérison très élevé. Parler ouvertement du cancer aide à briser les tabous et à encourager les gens à se renseigner sur la maladie. La sensibilisation joue un rôle crucial dans la promotion du dépistage organisé et des examens comme la mammographie, permettant une détection plus précoce. Savoir reconnaître les signes d'alerte (masse, changement de la peau, écoulement anormal du mamelon, etc.) est essentiel pour consulter un médecin sans délai.

Question 10

Quel message aimeriez-vous faire entendre non pas aux patientes, mais aux familles, aux conjoints et aux décideurs ?

Réponse

Pour les familles et les conjoints de patientes atteintes de cancer du sein, le message clé est : Soyez présents et patients, informés, et prenez soin de vous aussi, car le cancer touche toute la famille et un accompagnement ouvert et compréhensif est crucial pour traverser l'épreuve. Pour les décideurs, le message est de soutenir et financer la recherche, les soins de support et les politiques de prévention, car la lutte contre le cancer du sein nécessite une action collective et des ressources adaptées à tous les niveaux.

Enfin, si vous pouviez laisser une seule phrase dans le cœur de chaque femme qui vous lira, quelle serait-elle ?

Pour un dernier mot je dirai : L’autopalpation qui peut conduire rapidement à un dépistage précoce et les examens médicaux réguliers sont essentiels pour la détection du cancer du sein, qui, lorsqu'il est diagnostiqué à un stade précoce, est le plus souvent curable, car des progrès énormes ont été accomplis dans la recherche et les traitements, augmentant les chances de survie et améliorant la qualité de vie des patients.

SUPLAMAR est une association qui a pour objectif principal de promouvoir les droits des couches les plus vulnérables de la société

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